Suite à la journée de réflexion autour du projet de loi portant sur le statut de l’artiste et des métiers de l’art, une autre séance de réflexion a eu lieu entre les professionnels du cinéma. La question de la carte professionnelle monopolise toujours les débats.
Pour la carte professionnelle, il y a la loi du statut de l’artiste et il y a les décisions pratiques. C’est-à-dire ce qui va en découler en termes d’impôts, de sécurité sociale, etc. Avant de conclure, il faut résoudre ces problèmes d’après les participants. Il faut un concept qui doit réunir aussi bien le milieu du cinéma, de la musique, du théâtre et de la danse et puis tout dépendra des commissions sectorielles qui vont décerner ces cartes.
Pour les acteurs, surtout de la télévision, des voix se sont élevées dans la salle pour suggérer la priorité à des acteurs qui ont la carte professionnelle. La concurrence de ceux qui font d’autres métiers rémunérés (médecins, avocats, etc.) semble très rude puisqu’il y a des rôles, surtout dans les feuilletons ramadanesques qui sont accordés à des personnes pratiquant un autre métier. Mais le cas semble difficile à trancher puisqu’un réalisateur cherche souvent un physique ou un âge particulier qui convient à son œuvre qu’il pourrait rattraper par la direction. Et dans le cas où il s’agit d’engager des enfants comme acteurs… Faut-il qu’ils aient aussi une carte professionnelle ?
«Et puis sur un autre plan, peut-on retirer le droit d’apparaître sur scène à des gens comme Samir Chichti ou Najla Ben Abdallah qui ont d’autres métiers ?», dira Mourad Ben Cheikh .
«Ce projet de loi dans certains points est contradictoire, même avec la Constitution surtout lorsqu’il aborde la question de « l’auteur », dit Khaled Barsaoui. L’acte de création en lui-même ne peut pas être soumis à la carte professionnelle. La Constitution garantit la liberté d’expression et de création. On ne peut pas exiger la carte professionnelle pour un scénariste ou un réalisateur comme préalable dans l’exercice de son métier. Il peut l’avoir plus tard, peut-être lorsqu’il a créé des œuvres justes pour des raisons administratives. Mais on ne peut pas refuser à un créateur le dépôt de son projet devant une commission par exemple s’il n’a pas la carte professionnelle. Pour moi, la carte ne peut pas être un préalable à l’acte de création. Je pense que l’auteur ou le créateur n’a pas la place qu’il mérite dans ce texte. Il faut définir un point où il n’est pas obligé d’avoir une carte professionnelle. Cela ne nécessite pas une technicité mais un talent». Brahim Ltaief rétorquera que «l’auteur est celui qui génère des droits d’auteurs. Même le chef costumier est un auteur parce qu’il créé des costumes. Le chef décorateur aussi. Si on rentre dans la définition de l’auteur, la piste est vraiment très large. Dans les pays qui ont résolu ce problème, quand on distribue les droits d’auteur comme on n’oublie pas l’acteur, on n’oublie pas le chef costumier».
Le texte tel qu’il est présenté présente certainement quelques points à discuter. Des points qui ont généré des propositions relayées par les rapporteurs en attendant les réflexions transversales.